Comment le « made in France » s’impose comme solution durable pour l’après Coronavirus
Et si l’un des effets secondaires de cette crise inédite signait réellement l’avènement du fameux « made in France » ?
Par Guillaume Lartigue et Grégoire Soufflet, co-présidents fondateurs de Steve
Car même si l’on en parle beaucoup depuis une décennie, même si le « made in France » est devenu une caution standard de nombreux produits alimentaires, même si Le Slip Français, le Chocolat des Français, 1083 ou d’autres marques cocorico ont émergé avec succès, avouons que nous étions plus dans l’effet de mode ou le politiquement correct que la véritable lame de fond.
Un mouvement de solidarité nationale
Mais ça, c’était avant. Avant le coronavirus. Donc avant que tout le monde ne réalise vraiment ce que signifie le fait que « 80% des matières premières nécessaires à la fabrication d’un médicament viennent d’Asie » d’après Le Figaro en Mars 2020. Avant de savoir que la 6ème puissance économique mondiale que nous sommes était incapable de fournir un objet aussi anodin qu’un masque sanitaire pour assurer la protection de sa population…
Alors oui, nous vivons un formidable mouvement de solidarité nationale où les entreprises de textile ou de lingerie se mettent à fabriquer des masques, les fabricants d’alcool du gel hydroalcoolique, les marques de sport des respirateurs à oxygène… peut-on espérer que cette dynamique aboutisse à une vaste réappropriation par la France, ses entreprises et ses consommateurs de son appareil de production national pour retrouver une puissance économique Française indépendante et fière de l’être ?
Fière car protectrice en cas de crise donc, mais aussi fière car génératrice d’emplois, synonyme de qualité, bénéfique pour l’environnement, préservatrice de savoir-faire et de patrimoine. Et tant pis pour les grincheux qui crient au nationalisme, là n’est pas le sujet.
L’agri-love et le drive fermier, l’agriculture française a pris les devants
Il ne s’agit pas de repli sur soi mais au contraire de rayonnement. Et de force vive d’une Union Européenne plus nécessaire que jamais. Cela devient en tout cas une forte attente des Français comme le relate cette étude Odoxa-Comfluence publiée le 13 avril dans Les Echos : « À l’issue de cette crise, plus de neuf personnes interrogées sur dix veulent que l’exécutif garantisse « l’autonomie agricole de la France » (93 %), pousse « la relocalisation des entreprises industrielles » (92 %) et « favorise la recherche et la production des laboratoires pharmaceutiques français et étrangers dans notre pays » (91 %).
L’agriculture a pris les devants. Dès le début du confinement, les différentes filières et les régions ont enjoint les consommateurs à acheter les fruits et légumes des producteurs français. Chacun y est allé de son initiative pour mettre en contact les producteurs locaux avec les populations vivant à proximité, comme le Lot qui a lancé la plateforme « Oh my Lot », ou les filières comme le CNIEL et sa campagne « fromagissons », sans parler de la grande distribution à l’exemple d’Intermarché qui a affiché son soutien aux filières agricoles du pays.
Et voilà comment en quelques semaines on est passé de l’agri-bashing à l’agri-love. Jusqu’à l’éclosion de cette nouvelle notion tellement 2020 : le drive-fermier. L’oxymore parfait, l’association magique entre le monde nourricier français et le monde digital serviciel sans lequel plus rien n’est possible.
Mieux communiquer sur le « made in France »
Concernant « la relocalisation des entreprises industrielles » et « la recherche et la production des laboratoires pharmaceutiques dans notre pays » dont il est question dans l’étude citée plus haut, nul doute que les entreprises vont être attendues au tournant et que toutes celles qui s’engageront dans cette voie seront récompensées. Et donc que les marques qui communiqueront sur leur « made in France » et ce que cela raconte d’elles, de leur histoire, de leurs valeurs, de leur différence, seront privilégiées à l’avenir.
Sans parler de tout changer du jour au lendemain pour certaines, après des années de pratiques mondialisées. Il y a beaucoup à imaginer pour engager de nouvelles initiatives en terme de valorisation des savoir-faire français, d’expertises spécifiques, d’économie circulaire, de partenariats locaux, de circuits-courts, de nouveaux services etc, pour faire de la (re)localisation une raison réjouissante de préférer.
Des initiatives qui seront surement aussi encouragées par ailleurs par les nouvelles lois de lutte contre le gaspillage, contre la destruction des invendus, contre l’obsolescence programmée…
Idem pour le tourisme. Voyager à l’autre bout de la planète a subitement perdu de son charme. Entre les politiques de déconfinement qui vont différer d’un état à l’autre, la peur de voyager, les incertitudes aussi sur la manière dont vont se gérer les vacances d’été, il est clair que tout le monde va se rabattre sur la France et l’Europe. Cela tombe bien, nous avons la chance d’habiter le plus beau pays du monde paraît-il. Partons à la découverte de notre « Douce France », logeons dans nos hôtels qui ont prêté main forte pendant la crise (cf Groupe Accor), mangeons dans nos bars-restaurants qui ont nourri les soignants et les plus fragiles, redécouvrons les joies du camping et de la campagne, visitons nos industries et parions sur un essor du tourisme industriel bleu blanc rouge. Car aller à la rencontre de ce que l’on achète, à la rencontre du fabricant, des producteurs, des femmes et des hommes qui font les produits et les marques, c’est déjà agir concrètement.
Pop culture bleu blanc rouge
Sur le plan culturel également, nos richesses sont infinies. Le confinement nous a déjà donné l’occasion de nous réconforter seul ou en famille devant un film de Jacques Demy, d’apprécier une visite virtuelle du Louvre, de décompresser sur le son de Philippe Katherine ou de (re)plonger dans l’intégrale des aventures d’Astérix en BD… et bien soyons un peu Gaulois, soutenons notre Pop Culture : films, livres, auteurs, libraires, musées, musiques et autres trésors de notre patrimoine.
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