Comment l’intelligence artificielle s’invite dans l’industrie du bois

Transformation digitale : Avec son projet d’IA, la scierie Tarteret Philippe SA rentre dans le monde de l’industrie 4.0. Objectif, améliorer le rendement matière en détectant mieux les singularités du bois. Un outil qui permettra de répondre à la baisse en volume et en qualité constatée sur le marché du chêne… ainsi qu’à la concurrence des industriels chinois.

La scierie Tarteret Philippe SA est une entreprise familiale créée en 1954 et spécialisée dans les bois durs, en particulier le chêne qui représente 90 % de sa production. A cheval sur la Champagne et la Bourgogne, la société propose des planches, charpentes, plots, grumes, avivés, frises et autres produits issus du bois, une grande partie de cette production étant exportée. Afin d’assurer – en partie – son indépendance en matière d’approvisionnement, l’entreprise possède également ses propres forêts. Enfin, elle dispose d’espaces de stockage et de séchage sur son imposant site de 170 000 m².

Améliorer le rendement matière avec l’IA

La principale problématique de la scierie est le rendement matière. Elle utilise chaque année 20 000 m³ de grumes, mais pour un rendement matière d’environ 50 %. Tarteret Philippe SA cherche donc à mettre en place un outil permettant de repérer les défauts du bois et de déterminer le meilleur moyen d’exploiter une pièce. « Le problème de notre profession est que nous rencontrons plus de singularités sur le chêne que sur d’autres espèces d’arbres, comme les résineux », explique David Vanhelle, responsable qualité de Tarteret Philippe SA.

Il sera donc difficile pour un algorithme de détecter ces défauts, d’autant plus qu’une autre problématique entre en jeu : « chaque métier utilisant du chêne a ses propres spécificités, ce qui peut être un défaut chez l’un, étant une qualité recherchée chez l’autre ». L’IA devra donc être capable de prendre ce paramètre en compte, afin d’adresser tous les marchés potentiels, avec un prix de vente optimisé. Il ne faudrait pas en effet que l’algorithme se borne à ne sortir que des planches d’un mètre, sans utilité pour un fabricant de portes.

L’algorithme devra donc repérer les singularités sur le bois, déterminer le meilleur plan de coupe, mais aussi faire preuve d’une certaine expertise afin de maximiser la valeur d’une planche.

Un expert en IA détaché du CEA

Le recrutement d’un data scientist reste hors de portée d’une entreprise de moins de 50 salariés. La scierie Tarteret Philippe SA profite ici d’un coup de pouce de la CCI Troyes et Aube et du CEA, qui va embaucher ce spécialiste et le détacher sur place. Le tout dans le cadre du plan de relance pour l’emploi lancé par le gouvernement.

Le data scientist devra entraîner l’intelligence artificielle, en relation avec les spécialistes du bois présents sur place. « Notre travail consistera à valider les évaluations faites par l’algorithme concernant la qualité des planches. Un travail d’autant plus complexe que nous travaillons dans un environnement difficile. Sans compter que l’aspect du chêne tend à changer rapidement après la coupe », explique David Vanhelle. Bref, l’IA, qui a su faire ses preuves en tant qu’observateur aguerri sur d’autres terrains plus « faciles », est mise ici au défi.

Le CEA recense actuellement les algorithmes existants, qui pourraient être adaptés à ce secteur d’activité. L’entreprise se donne ensuite deux ans pour mettre au point un outil capable de lire les singularités d’une planche. Si l’algorithme fonctionne, la seconde étape consistera à optimiser le débitage des planches, puis à mettre en œuvre l’ensemble au sein de la scierie.

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