Innovation : des lunettes de réalité augmentée pour les amateurs de théâtre sourds et malentendants
Dans tous les secteurs artistiques, des projets innovants s’apprêtent à bouleverser notre paysage culturel. Deuxième volet de notre série d’été : le surtitrage sur lunettes connectées développé par la société Panthea afin de rendre accessible le spectacle vivant (2/3).
« Le but premier de nos lunettes connectées est de permettre aux publics sourds ou malentendants d’assister à des spectacles lyriques ou des pièces de théâtre », explique Carl de Poncins, président et co-fondateur chez Panthea. Cet ambitieux projet voit le jour suite à une discussion avec un colocataire australien, désireux de découvrir la culture française. Carl de Poncins peine à intégrer son ami, pourtant de bonne volonté, à la vie culturelle locale, les sorties au théâtre requérant un niveau de français assez élevé. L’idée de fournir un sous-titrage pour les spectacles, comme on le fait pour les films et les séries, fait alors son chemin. Elle se précise petit à petit.
« On a réalisé que cette difficulté à accéder à certaines propositions culturelles n’était pas limitée aux touristes étrangers mais concernait également les personnes souffrant de handicap, notamment auditif », souligne Carl de Poncins. La question est complexe, car les besoins d’une personne en situation de handicap auditif varient en fonction de la nature précise de ce handicap. « Notre objectif, dès lors, était d’inclure aussi bien les personnes sourdes de naissance, dont la LSF est la langue maternelle, que les personnes qui, avec l’âge, commencent à moins bien entendre, ce qui se ressent peu dans leurs interactions quotidiennes mais complique singulièrement leurs expériences dans une salle de spectacle », ajoute l’entrepreneur.
Une solution flexible
Pour répondre à cette ambition, l’équipe de Panthea cherche à concevoir un outil suffisamment flexible pour couvrir les besoins d’un maximum de personnes. « Cela renvoie à la fois à la possibilité d’avoir des sous-titres dans plusieurs langues et au fait d’avoir des options supplémentaires, telles que l’audiodescription ou la langue des signes, sur lesquelles nous travaillons cette année », précise Carl de Poncins. L’idée des lunettes connectées s’est progressivement imposée car ces dernières présentent l’avantage de ne pas déranger les voisins de salle et d’offrir une expérience totalement immersive grâce à l’affichage dans le champ de vision. Lauréate, une première fois, de l’appel à projet « Services numériques innovants » en 2014, l’équipe d’entrepreneurs développe, avec le soutien du ministère de la Culture, une première version de cet outil en 2015.
Les lunettes sont testées, puis développées, dans plusieurs salles et plusieurs spectacles, avec d’excellents retours. L’équipe de Panthea ne s’arrête cependant pas en si bon chemin, et répond de nouveau à l’appel à projets « services numériques innovants » en 2020, dans l’optique d’étoffer sa proposition en ajoutant, au surtitrage, la LSF et l’audiodescription. Développer le dispositif uniquement pour les sourds qui parlent la LSF aurait été inenvisageable d’un point de vue économique : le public ainsi visé aurait été trop restreint pour que le coût des lunettes puisse être rentabilisé. Rajouter la LSF sur un dispositif déjà existant s’avère, en revanche, beaucoup plus attrayant. « On propose ainsi une véritable boîte à outils aux théâtres souhaitant mettre en œuvre une politique d’accessibilité », affirme Carl de Poncins. « La LSF et le sous-titrage sont deux offres complémentaires. Les sourds doivent, s’ils le souhaitent, pouvoir avoir accès à leur langue maternelle », reprend-il.
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