Tout ce qu’il faut savoir sur Alphabet, la nouvelle maison mère de Google – Le Monde

Que s’est-il passé ?

Google a annoncé, à la surprise générale, une importante restructuration, dans la nuit de lundi 10 à mardi 11 août. L’entreprise change de nom et devient Alphabet, une holding qui supervisera toutes les filiales du groupe. Le changement devrait être effectif au début de 2016 : Alphabet supervisera une série d’entreprises, dont Nest (objets connectés), Calico (lutte contre le vieillissement) et Google.

Google a-t-il disparu ?

Pas du tout : la société continue d’exister, mais en tant que filiale de la nouvelle entité, Alphabet. La partie la plus grand public de Google garde le nom de Google. Le moteur de recherche continuera de s’appeler Google, et les noms des services ou produits, comme Gmail, Drive, ou Android ne changeront pas.

Je n’ai donc pas besoin de changer mon moteur de recherche Google.com en Alphabet.com ?

Pas du tout. D’autant plus que l’adresse Alphabet.com… n’appartient pas à Google. Elle est la propriété de BMW, et le site est actuellement inaccessible. De même, le compte Twitter @alphabet vous donnera peu d’informations sur le nouveau groupe, puisqu’il appartient à un illustre inconnu.

Cela va-t-il changer quelque chose pour les conditions d’utilisation des services Google ?

A court terme, non. Google a harmonisé il y a un an les conditions d’utilisation de ses services – ce qui lui a d’ailleurs valu de vives critiques de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), en France. Des changements pourraient cependant avoir lieu à plus long terme, par exemple si un produit de Google X fonctionne en utilisant des données collectées par Google, vu qu’il s’agira de deux sociétés distinctes.

Pourquoi Google change-t-il sa structure ?

Les explications de Larry Page, cofondateur de Google, sont peu claires. Dans son message publié lundi 10 août 2015 , il évoque un besoin de renouvellement de l’entreprise, mais aussi la volonté de faire preuve de plus de transparence. En clair, ce message, qui s’adresse principalement aux marchés financiers, indique que Google est prêt à détailler davantage les coûts et les revenus de ses filiales. En simplifiant, la quasi-totalité du chiffre d’affaires d’Alphabet proviendra en fait de Google, vu que la filiale comprendra toutes les entités qui génèrent aujourd’hui de l’argent : YouTube, la régie Google Ads…

Les entités déficitaires, qui travaillent sur des projets à très long terme, comme Calico (lutte contre le vieillissement) et le laboratoire Google X (voitures sans pilote, lunettes connectées, projets biomédicaux ou sur les énergies renouvelables…), seront plus clairement identifiées dans les bilans financiers.

Sont-ce les seules raisons ?

Même si elle a été accueillie avec enthousiasme par la Bourse, cette restructuration est assez incompréhensible. Google, qui vient de publier d’excellents résultats et avait déjà satisfait les attentes des investisseurs en annonçant des coupes budgétaires dans ses projets les moins directement rentables, n’avait pas besoin de procéder à cette restructuration.

Cette réorganisation a des intérêts pour Google, notamment pour ses dirigeants. Google X, un projet qui tient beaucoup aux cofondateurs et qui est dirigé par Sergueï Brin en personne, devrait théoriquement bénéficier d’un regain de liberté en devenant une filiale à part entière.

Enfin, cette nouvelle structure sera mieux armée pour résister à certains types de procédures pour abus de position dominante, et offre de nouvelles possibilités en matière d’« optimisation » fiscale en séparant les entités les plus rentables et les plus déficitaires. La nouvelle structure est, comme Google l’était, basée dans le Delaware, un petit état américain qui offre des avantages fiscaux gigantesques aux entreprises qui s’y établissent.

Quelles seront les autres filiales d’Alphabet ?

Outre Google, qui sera dirigé par Sundar Pichai, la star montante de la société, Alphabet comptera sept filiales : Nest (domotique et objets connectés), Calico (lutte contre le vieillissement), Sidewalk (technologies et urbanisation), Fiber (fournisseur d’accès à Internet), X (laboratoire multiprojets à long terme), Capital (finance) et Ventures (investissements). Toutes sont dirigées par des hommes – la seule femme à figurer parmi les plus hauts cadres de l’entreprise, Ruth Porat, sera directrice financière à la fois de Google et d’Alphabet.

Lire aussi : Sundar Pichai, un as du mobile à la tête de Google

Cette réorganisation a-t-elle changé l’équilibre des pouvoirs dans l’entreprise ?

Pas pour l’instant. Les dirigeants des filiales sont restés les personnes déjà en poste, avec des ajustements sur les titres. Comme le notent plusieurs observateurs, la nouvelle structure permettra aussi à Google de créer un nouvel échelon de postes à responsabilité, pour récompenser des employés qu’elle souhaite promouvoir ou retenir.

En fait, cette réorganisation ne change rien !

C’est assez vrai… du point de vue de l’utilisateur, et à court terme. Les changements sont plus importants pour les investisseurs. Surtout, cette restructuration préfigure des changements à venir : ils faciliteront d’autres réorganisations à tous les niveaux, ou encore les rachats d’entreprises tierces – Google en a racheté près de deux cents depuis sa création, avec plus ou moins de bonheur.

Pourquoi cela s’appelle-t-il « Alphabet » ?

Officiellement, parce que c’est un jeu de mot sur « alpha », qui désigne dans le jargon financier un retour sur investissement supérieur à la normale, et « bet », qui signifie « pari ». Et ce mot a un avantage : il existe dans de très nombreux langages.

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